mercredi 17 octobre 2012

Kévin et Sofiane : La mère de l'un des suspects sort du silence !

Fathia, 46 ans, est la mère de Mohamed, un des huit assassins présumés de Kévin et Sofiane. Si vous avez manqué le début de cette histoire, vous pouvez le lire ici.
Certains l’accusent d’avoir incité indirectement un de ses fils, Mohamed, jeune militaire de 20 ans, à monter une expédition punitive avec ses copains de la cité de la Villeneuve, pour venger un de ses frères. Des représailles qui ont débouché sur le lynchage de Kevin et Sofiane, un drame qui a ému et révolté toute la France

« J’ai gâché ma vie, celle de mes enfants et des jeunes qui sont morts. J’ai tout perdu. Tout a commencé vendredi dernier, devant le lycée Marie-Curie d’Echirolles. Mon fils Sid Ahmed, 19 ans, qui est aussi militaire, s’est disputé avec un autre jeune Wilfried, le frère de Kevin pour un mauvais regard. Depuis mon balcon, j’ai vu mon fils se faire tabasser. J’ai appelé Mohamed, qui était rentré de l’armée pour le week-end. Il se trouvait dans un centre commercial et a dit qu’il arrivait tout de suite. Entre-temps, Sid Ahmed est revenu à la maison. Plus tard dans la soirée, Mohamed part pour le quartier voisin des Granges d’Echirolles avec des amis de la Villeneuve, pour venger son frère. Il y aura deux bagarres successives. La seconde sera mortelle. Quand Mohamed est rentré après la tuerie, il m’a dit : "Tu sais maman, là-bas, il y a eu des morts. Quand j’ai vu les gens qui commençaient à taper un des jeunes à coup de marteau, j’ai eu un voile blanc devant les yeux et j’ai commencé à sortir de l’embrouille". En surfant sur Internet quelques heures après, Mohamed a découvert le décès d’un des jeunes agressés au cours de l’expédition punitive. Il était très angoissé. Il m’a dit : "Maman, je ne peux pas rester ici. Je sais que l’on va m’accuser". Et il est reparti dans son régiment à Varces (Isère)Mohamed est interpellé par les gendarmes au 93e régiment d’artillerie de montagne, lundi soir, comme son jeune frère, qui a été mis hors de cause. Mohamed m’a juré qu’il n’avait pas porté de coups de couteau. Il m’a dit aussi :"Sofiane, c’était un copain. Quand je suis rentré à l’armée, il est venu me dire qu’il était très content pour moi. Ce n’était donc même pas des ennemis". Mohamed pleurait lorsqu’il a appris que Sofiane était mort. Ce ne sont pas des êtres humains. Ils n’ont pas de cœur, ils n’ont rien. Donner autant de coups de couteau comme ça, ce n’est pas possible.

Quand je vois les photos de Kevin et Sofiane, je pleure. Ça me fait mal. Ils n’y étaient pour rien. C’est comme si c’était mes enfants que j’avais perdus. Quel gâchis. C’est affreux. Lorsque j’ai vu les obsèques à la télé, ce n’était pas des larmes qui tombaient de mes yeux mais du sang. Du sang! En garde à vue, j'ai pu approcher mon fils : Je lui ai dit : "Si on pouvait retourner en arrière…" Il est tombé dans mes bras et il a pleuré en me disant : "Maman, franchement c’est parti d’un seul coup, je n’y suis pas allé pour tuer, c’est un cauchemar". Comme moi, Mohamed regrette ce qui s’est passé. C’est un garçon sensible, pas violent. J’ai le sentiment de bien avoir élevé mes 5 enfants, de les avoir bien éduqués. Mohamed et son frère s’étaient engagés dans l’armée. Ils avaient donc un casier judiciaire vierge. Ce n’était pas des délinquants. Jamais je ne pourrai les rencontrer. Je ne trouverais pas les mots car il n’y a pas de mot, mon cœur lâcherait. On n’a pas voulu ça. Après le drame, mon mari a fait immédiatement ses valises pour l’Algérie. Je me retrouve seule avec mes autres enfants. Je vais devoir quitter mon logement, partir d’ici car je crains des représailles. La police m’a dit : "On n’est pas en Colombie". Mais j’ai peur. »

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