jeudi 4 avril 2013

Le 4 avril 1968 : assassinat de Martin Luther king

Mais qui est le véritable assassin du pasteur de 39 ans ? Le malfrat James Earl Ray, condamné à 99 ans de prison ? Ou quelqu'un d'autre ? Mystère.

Un peu avant 18 heures, King sort sur le balcon pour converser avec ses amis qui l'attendent sur le parking, en contrebas. Ils sont tous invités à dîner chez le révérend Billy Kyles, debout à quelques mètres de Martin Luther. À 18 h 1, un coup de feu retentit. La balle atteint King au visage. Elle entre par sa joue droite, fracasse sa mâchoire et plusieurs vertèbres, avant de sectionner sa moelle épinière. Martin Luther King s'effondre sur le sol. Ses amis accourent du parking pour le secourir. Il est défiguré et gît dans une mare de sang. Les regards se lèvent pour voir d'où a été tiré le coup. Probablement du bâtiment d'en face, mais rien ne bouge. À la vue du King sans connaissance, c'est la panique, les cris, les pleurs. Arrivés rapidement sur place, les secours embarquent le corps pour l'emmener au Saint-Joseph's Hospital. Malgré un massage cardiaque manuel, le coeur de King ne repart pas. À 19 h 5, la mort de Martin Luther King est officielle.


Juste après l'attentat, des témoins ont vu un homme blanc s'enfuir à bord d'une Mustang blanche de l'hôtel délabré situé de l'autre côté de la rue. Il y avait loué une chambre quelques heures plus tôt sous l'identité de "Tom Willard". Un homme mesurant environ 1 mètre 80, aux cheveux foncés, courts et coiffés en arrière. Très bien habillé, costard-cravate. Les agents établissent d'emblée que le tireur a opéré depuis la salle de bains commune de l'établissement de fortune, qui offre une vue dégagée sur le balcon du motel Lorraine. Dans sa précipitation, le tueur a laissé derrière lui un fusil Remington 760 Gamemaster calibre 30,06, équipé d'une lunette télescopique, ainsi que des jumelles, fraîchement décorées d'empreintes digitales. Quelques jours plus tard, le FBI dévoilera l'identité du tueur : il s'agit de James Earl Ray, un petit malfrat évadé du pénitencier du Missouri. Une chasse à l'homme est ouverte dans le monde entier pour retrouver l'assassin du "Gandhi noir".

Curieusement, la veille de son meurtre, Martin Luther King annonçait presque sa mort lors d'un rassemblement au Mason Temple, sanctuaire international et siège de l'important groupe pentecôtiste Church of God in Christ. Quel flair ! Son discours restera célèbre sous le nom de "I've been to the mountaintop". Il s'est écrié : "Ce qui va m'arriver maintenant m'importe guère. Car je suis allé au sommet de la montagne... J'ai vu la terre promise. Il se peut que je n'y pénètre pas avec vous. Mais je veux vous faire savoir, ce soir, que notre peuple atteindra la terre promise." Il savait la menace de certains "frères blancs malades", mais il ne craignait aucun homme, dit-il alors.


James Earl Ray n'est rattrapé à Londres que deux mois plus tard, alors qu'il s'apprête à prendre un vol à l'aéroport d'Heathrow avec un faux passeport canadien. Extradé vers les États-Unis, il est incarcéré au pénitencier d'État du Tennessee. Lors du procès, il confessera le meurtre, avant de se rétracter trois jours plus tard pour clamer son innocence. En vain, car il est condamné à une peine de prison de 99 ans.

Il reste toujours un doute sur la culpabilité de James Earl Ray. Les défaillances de l'enquête ou encore l'absence de mobile réel ont suscité de nombreuses thèses de conspiration. Certains font du président Johnson le commanditaire du meurtre, car Martin Luther King a condamné la guerre au Vietnam. D'autres accusent le directeur du FBI Edgar Hoover, qui n'a pas hésité à traiter le leader noir de "plus grand menteur de la terre". D'autres encore pointent du doigt les organisations racistes. La disparition de King peut profiter à beaucoup de monde, mais la justice ne s'intéresse qu'à ce pauvre tocard de Ray.


En 1997, Dexter King, le fils de Martin Luther King, rencontre Ray dans sa prison et soutient publiquement les efforts du condamné pour obtenir un nouveau procès. Ray meurt l'année suivante. En 1999, après une longue bataille juridique de la famille King, un jury de Memphis rend son verdict et admet que le leader des droits civiques a bel et bien été victime d'un complot, et non d'un tueur solitaire. Selon le jury, Loyd Jowers, propriétaire d'un restaurant de Memphis, est impliqué dans la disparition de King, ainsi que d'autres conspirateurs, dont des membres d'agences gouvernementales. Les investigations menées par la suite n'ont pu appuyer ce jugement. Aujourd'hui, la famille King cherche toujours le vrai coupable.

Source : 4 avril 1968. Le révérend Martin Luther King s'écroule sur le balcon de son hôtel de Memphis. Tué !

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